#balancetonporc : Lyon pas épargnée par les prédateurs et autres goujats

#balancetonporc : Lyon pas épargnée par les prédateurs et autres goujats

Depuis samedi soir, des femmes se libèrent. Sur Twitter, notamment, de nombreuses victimes d’harcèlement et d’agression sexuelle s’expriment pour dénoncer des faits. Le mot-clé #balancetonporc, lancé après la révélation de l’affaire Weinstein, a suscité près de 160 000 messages, le plaçant durant près de trois jours en top tendances.

Parmi les témoignages, ceux de Lyonnaises comme Julie* qui dénonce "ce prof d’EPS de l’école normale de Lyon qui vient toujours dans le vestiaire des filles après la douche" ou Juliette, 27 ans : "rentrais d'un pique-nique quand un type m'a suivie, s'est jeté sur moi. La ruelle était déserte. Je lui ai cassé le nez".

 

"C’était en pleine journée, je remontais à la Croix-Rousse. Il y avait un homme dans la ruelle, j’hésitais à y aller et comme mes amies se moquent un peu de moi en disant que je suis parano, j’y suis allée aussi. Il s’est mis dans un renfoncement, et quand je suis passé il m’a suivie et plaquée contre un mur. J’entendais son souffle. Ca va super vite. Je me suis battue avec lui, il est reparti, il ne s’attendait pas à ce que je réponde", témoigne Juliette, dont la plainte pour agression sexuelle a abouti à un non-lieu.

 

A lire les messages qui affluent sur Twitter, on se rend compte que les femmes peuvent être confrontées au harcèlement ou aux agressions dans de nombreuses circonstances. Claire* profite de ce déballage sur les réseaux sociaux pour dénoncer son prof d’économie de Lyon 3, mais pas seulement. Elle explique que les actes d’harcèlement sont très souvent arrivés durant ses 5 années passées à Lyon : "dans la rue, c’était plus d'une fois par jour peu importe ce que je portais, peu importe l'âge que j'avais, peu importe l’heure qu’il était. Et surtout ça ne venait pas des mêmes personnes, ce n’était pas que des mecs en survêtement qui trainaient. Il y avait des cadres, des jeunes qui font genre école de commerce, tout le monde. Il y a des mecs de 40 ans, qui ont un attaché case, une alliance, blancs comme la neige et qui vont se permettre de se frotter à ton cul dans le métro. Et ce n’est même pas parce que je suis jeune et jolie ou quoi mais bien parce que je suis une femme. Si je n'avais pas voulu que ça m'arrive, j'avais qu'à être un mec"

 

Julie*, elle, se confie sur ce soir d’été où elle a failli se faire violer à Lyon : "au début, le gars m’aborde gentiment, et après il m’a attrapé par le cou, il ne me lâchait plus et ne voulait pas me laisser partir. C’était l’été dernier, à Guillotière, je rentrais d’un apéro. J’avais l’impression que c’était mon tour, que j’allais me faire violer Alors je me suis rapprochée d’un kebab, il y avait des gens qui mangeaient et j’ai fait semblant de les connaitre", se souvient cette jeune femme de 24 ans originaire de Marseille. "Vous mangez quoi ? Ça coute combien ? Ils ont dû me prendre pour une folle, mais je ne pouvais pas leur dire que je me faisais agresser car l’autre était juste derrière moi. Et là, quelqu’un m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit « on va t’aider ». J’ai senti que je pouvais lui faire confiance. Ils m’ont accompagné en bus jusqu’à la Part-Dieu. C’était mes anges gardiens de rue", se rappelle Julie, encore pleine de gratitude. Des anges gardiens qu’elle remercie via Twitter : "Une main au cul en rentrant de soirée… Aussi, merci aux 2 gars qui ont compris que je me faisais harceler en juillet vers Guillotière et m’ont sauvée".

 

Julie n’a pas porté plainte, car "je ne connaissais pas le nom de mon agresseur, et puis j’aurais dit quoi à la police ? Un gars m’a attrapée par le cou un peu violemment ?".

Cette totale impunité est peut-être un des éléments clés du problème, "en plus de l’éducation" insiste Julie. Si 71% des femmes disent avoir déjà été harcelées dans les transports en commun, seules 2% saisissent la justice, tandis qu’une seule une femme violée sur 10 lance une procédure judiciaire.

 

*Les prénoms ont été modifiés