Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education nationale, a signé le 14 avril dernier un décret permettant de prolonger d’un an l’organisation de la semaine (à Lyon, pas de cours le vendredi après-midi). Son successeur en prépare un qui permettra le retour à la semaine de 4 jours. Tout cela n’arrange pas Françoise Lartigue, adjointe à l’Education de la ville de Bron : "Le passage aux 5 jours ça a permis un dialogue très large et a fait de la Ville un co-éducateur. Cette idée de ‘laisser le choix aux communes pour 4 ou 5 jours’ ça veut dire qu’on abandonne."
Car si l’Etat décide de laisser le choix aux communes, continuera-t-il à aider celles qui resteraient à 5 jours ? Pour une ville comme Bron l’aide de l’Etat représente 200 000 euros par an. Cet argent contribue au salaire des animateurs comme Nohra, référent périscolaire du groupe Saint-Exupéry, mais aussi au financement des activités sportives, à l’achat du petit matériel. Cela dit, le petit matériel n’a rien couté à l’Etat ou à la ville de Bron, il vient directement de la cuisine personnelle de Nohra ce jour-là. C’est de la farine, car au programme du temps périscolaire méridien (autour de la pause déjeuner des enfants entre 11h45 et 13h45 à Bron), on travaille sur les céréales.
Passion Céréales qui a lancé la 3e édition de son opération "Graine de détective" en coopération avec l’Education National fournit un livret de détective avec des énigmes pour les enfants, un jeu concours avec des histoires de céréales à écrire, et des idées d’activités. Une fois le déjeuner pris au self préparé par la cuisine centrale qui met l’accent sur la composition en céréales du repas, les enfants passent aux énigmes. 1ère énigme : qu’y a-t-il dans les pâtes ? Faysal lève la main "Y’a de l’eau". Sa camarade Rodina éclate de rire devant une telle absurdité, mais Faysal insiste. Cyrina propose alors une explication qui arrange tout le monde : "pour faire cuire les pâtes, d’abord tu fais chauffer de l’eau et après tu mets les pâtes dedans. Donc il y a de l’eau dans les pâtes".
Certaines questions ont été encore plus difficiles. Comme la question : qu’est-ce qu’un meunier ? Nohra raconte : "personne ne connaissait la réponse, j’ai essayé de faire découvrir par la chanson ‘Meunier, tu dors… ton moulin ton moulin…’. Et là, surprise, plein d’enfants ne connaissaient pas non plus la chanson. Je l’ai fait imprimer grâce à ma fille et on va la travailler". A partir de là une discussion s’élève sur le rôle du meunier. Prudemment Nohra garde la parole "le blé est transformé en farine par le meunier. Vous vous ne connaissez que la farine blanche directement issue du blé. Mais au Mahgreb le meunier peut aussi faire du boulghour avec du blé". Françoise Lartigue intervient : "nous on veut bien savoir comment on fait le boulghour".
Mais les enfants se sont un peu lassés du livret de détective. Nohra, experte en temps d’attention des moins de 11 ans, lance l’atelier fabrication de pâte à sel. Le niveau sonore dans ce préfabriqué surchauffé augmente fortement. A Bron il y a aussi du périscolaire le soir après la fin des cours, de 16h, jusqu’à 17h45, et pouvant permettre jusqu’à 4 horaires de sorties différents. Pour la responsable de l’animation qu’est Nohra c’est donc plutôt le temps de midi qui est favorable à des activités comme celles-ci.
Le concours d’histoires à écrire en racontant les aventures d’Antoine à la recherche d’un gâteau à la recette presque effacée telle une inscription romaine dure jusqu’au 12 juin. Nohra a déjà recueilli plein de propositions notamment de Nils, Amine, Nafissa et Selence, qu’elle doit se charger d’envoyer. Le jeu concours peut aussi être fait par un enseignant, mais ici c’est Nohra - salariée de la ville de Bron - qui se charge de tout. C’est ça de travailler dans une ville co-éducatrice !