Le travail de sape qu’elle a mené contre Thierry Braillard semble avoir porté ses fruits. Gérard Collomb a finalement choisi de lâcher celui qu’il avait fait élire député il y a cinq ans contre le choix du Parti Socialiste national d’investir l’écologiste Philippe Meirieu. Le maire a donc choisi cette fois de se ranger à l’avis de son épouse et de soutenir très officiellement la candidature de Thomas Rudigoz, le maire centriste du 5e arrondissement.
Comme toujours avec lui, pas question d’emprunter un autre chemin ; ses fidèles sont instamment priés de le suivre aveuglément. Et gare à ceux qui continuent à soutenir le (encore pour quelques heures) secrétaire d’État aux sports. Les voilà aussitôt rangés parmi les traîtres. Pour l’instant, certains résistent. Collomb a eu beau laisser miroiter une place de suppléante à Myriam Picot, la maire du 7e arrondissement n’a rien voulu entendre. Pas plus que son collègue du 8e Christian Coulon ou le fidèle d’entre les fidèles Roland Bernard.
Ce dernier est remonté comme une pendule contre Caroline ; il n’a pas caché sa déception quand Collomb a joué sur la corde sensible de l’amitié et de la fidélité pour tenter de le convaincre de tourner le dos à Braillard. "Rudigoz est un coucou qui squatte le nid des autres ; il n’a jamais travaillé de sa vie en dehors de ses mandats et de son poste de chef de cabinet d’Anne-Marie Comparini", peste notre hôtelier. Il égratigne au passage l’image de "gentil centriste" qui est celle du maire du 5e et dénonce les pressions qu’il a exercées sans ménagement sur l’une de ses adjointes et sur Gilda Hobert (l’actuelle députée de la circonscription) pour qu’elles retournent leur veste.
De son côté, Braillard n’est pas du genre à tendre la joue gauche. Il suffit de lire certaines confidences sur Facebook pour constater que le secrétaire d’État n’est pas non plus un enfant de choeur. S’il est tout à fait conscient du poids politique de Collomb chez Macron, il ne désespère pas de parvenir à décrocher malgré tout l’investiture du nouveau Président de la République. Il compte sur les bonnes relations qu’il a nouées avec celui qui était ministre de l’Économie. Il ne manque d’ailleurs jamais une occasion d’évoquer ce dîner à six (Macron, Valls lui -même et leurs épouses respectives) partagé la veille d’un départ en vacances. Il compte aussi sur l’intérêt que peut avoir demain Macron à faire quelques fleurs aux radicaux.
En attendant, Braillard accélère sa campagne. L’image de Macron est omniprésente sur ses documents et sur la vitrine de sa permanence qu’il inaugurait mardi dernier. Caroline Collomb et ses proches ont bien tenté de l’empêcher d’utiliser une photo avec Macron. En vain jusqu’à présent.
On verra cette semaine, une fois connues les investitures d’En Marche. Si Rudigoz décroche le pompon, Braillard devra probablement modifier ses documents. Mais d’ici là, il aura commencé à accréditer l’idée que l’élire député c’est soutenir le nouveau président.