Contrairement à beaucoup de barons locaux en France qui tranchent la moindre tête qui dépasse, le sénateur-maire de Lyon ne peut pas s'empêcher de prendre de jeunes élus sous son aile et de leur enseigner les arts ancestraux de la politique.
Sauf que Gérard Collomb est possessif, et considère que s'envoler ensuite de ses propres ailes relève de la haute trahison. Nathalie Perrin-Gilbert, maire rebelle du 1er arrondissement, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre et idole du PS, l'ont appris à leurs dépends, publiquement reconnues désormais comme personae non gratae à Lyon.
Quant à David Kimelfeld, désigné comme dauphin de Gérard Collomb à la mairie, il sait qu'il doit se tenir à carreau jusqu'en 2020. Sous peine d'être tué politiquement.
Emmanuel Macron est le nouveau bébé-Collomb. "Contrairement à ce que disent certains journalistes locaux, Emmanuel n'est pas mon fils spirituel. Mais un peu quand même", glissait Collomb au Point.
Flatté, accueilli comme une superstar à chacune de ses venues à Lyon, l'ancien ministre de l'Economie est, plusieurs jours chaque semaine depuis des mois, biberonné aux idées et à la vision du sénateur-maire.
"Gérard Collomb sait que le meilleur moyen de perdre le contrôle qu'il a sur le discours d'Emmanuel Macron, c'est de s'éloigner physiquement", note un élu de la majorité à Lyon. "Etre ministre, ça ne l'intéresse pas, coupe un autre fidèle du maire. Il a eu cette occasion de rentrer dans un gouvernement à plusieurs reprises. Et à chaque fois, il a choisi Lyon à la place".
Gérard Collomb ne sera pas Premier ministre en cas de victoire de son poulain le 7 mai. Même avec une perruque, il ne pourrait remplir le premier critère obligatoire aux yeux d'Emmanuel Macron : être une femme. A moins que le candidat En Marche! ne revienne sur sa promesse du 8 mars, le plus important poste du gouvernement n'est donc pas destiné à Gérard Collomb, qui a de grandes chances de conforter encore et toujours sa mainmise sur la Métropole de Lyon.
Et tant pis si Emmanuel Macron l'oublie parfois, ne répond pas immédiatement à ses coups de fil. S'il venait à être élu président de la République, il deviendrait la plus belle réussite de l'école Collomb.