"L’Hyperloop n’est pas du tout à l’ordre du jour ; nous n’en avons pas parlé 30 secondes", affirmait récemment Jean-Luc Da Passano chez nos confrères de Tribune de Lyon. Voilà un aveu qui n’honore certainement pas son auteur. Ainsi, le vice-président en charge des infrastructures à la Métropole de Lyon reconnaît qu’il n’a même pas daigné s’intéresser à ce mode de transport du futur qui mérite à l’évidence mieux que son mépris.
Tout le monde n’a pas adopté un tel comportement rétrograde. Au contraire. Un peu partout dans le monde, les plus grands spécialistes se penchent sur la question. Lyon une fois de plus fait de la résistance. Mais cette fois, ce n’est pas à son honneur. Pourtant, au moment où l’on s’apprête à dépenser des fortunes pour construire l’A45 entre Saint-Étienne et Lyon, la solution de l’Hyperloop (ou de tout autre moyen de transport semblable) mérite au moins que l’on se pose la question et que l’on étudie sérieusement sa faisabilité.
À l’école des Mines de Saint-Étienne, Christian Brodhag a bien compris tout l’intérêt que peut représenter ce train du futur. Cet enseignant chercheur qui possède une fibre écologique bien réelle a chargé quelques-uns de ses élèves de plancher sur la possibilité de réaliser un tel train ultra-rapide entre les deux villes. Il mettrait moins de dix minutes pour relier les deux, de centre à centre. Quiconque effectue le trajet en voiture, surtout aux heures de pointe, mesure la révolution que représenterait une telle liaison. Très vite, elle capterait une partie importante du trafic actuel.
Et du coup, la nouvelle autoroute à péage que doit réaliser Vinci devient très largement inutile. Les collectivités et l’État qui ont prévu de mettre des centaines de millions dans l’aventure pourraient tout à fait participer au financement de ce projet futuriste qui pourrait voir le jour dans les dix ans. Les premières estimations chiffrent autour de 700 millions d’euros le coût d’une telle liaison. Ce chiffre est à comparer au 1,2 milliard d’euros que doit coûter l’A45 (dont 850 millions d’argent public).
En outre, il semblerait que le coût d’exploitation de l’Hyperloop soit largement inférieur à celui du TGV. C’est tout du moins ce qui ressort des études réalisées aux États-Unis où le projet a dépassé le stade des seules planches à dessin. Un premier tronçon (tube) d’essai est d’ailleurs en cours de réalisation en Californie.
Si les élus de la Métropole ne semblent guère intéressés par un tel projet, il en est un qui est bien décidé à bousculer les habitudes. Il s’agit de Renaud Pfeffer. Opposant à la future A45 qui doit traverser son canton, le maire de Mornant (qui est également le premier vice-président du Conseil départemental du Rhône) est du genre à ne pas rester les deux pieds dans le même sabot. On l’a vu quand, sitôt élu maire, il s’est appliqué à permettre à ses administrés de disposer d’une mutuelle dont les prix et les prestations ont été négociés au plus juste prix. S’il s’oppose à l’A45, Pfeffer est bien conscient que la situation actuelle n’est pas tenable avec une A47 à la fois totalement saturée et accidentogène. Du coup, sans préjuger ce qui pourrait être un jour décidé il prend le contrepied de Da Passano. Il considère que la solution de l’Hyperloop mérite au moins d’être sérieusement étudiée. Il devrait à ce sujet rencontrer prochainement Christian Brodhag. Et dans la foulée, il a déjà prévu d’organiser une grande réunion d’information pour ses administrés.
Ce n’est certainement pas un hasard si tant de gens sérieux investissent aujourd’hui des sommes importantes dans les divers projets de ce type qui fleurissent un peu partout dans le monde. Voilà tout juste un an que la société française de chemins de fer SNCF a investi dans l’une des startups américaines qui travaillent sur le projet futuriste de train à très grande vitesse "Hyperloop", né de l’imagination du milliardaire américain Elon Musk. Comme l’expliquait à l’époque Le Figaro, "cet entrepreneur touche-à-tout, déjà à l’origine des voitures électriques Tesla et du lanceur de satellites SpaceX, avait lancé en 2013 l’idée de propulser des passagers dans des capsules circulant sur des coussins d’air dans un tube à basse pression". Une éventuelle liaison Lyon- Saint-Étienne n’est pas le seul projet qui soit étudié tant en France qu’à l’étranger. Il est probable qu’il faudra toutefois attendre encore longtemps, très longtemps, avant que l’on puisse effectuer le trajet Kiev-Pékin en une heure.
Au-delà des défis techniques qu’il faudrait relever, il faudrait que le trafic potentiel mérite un tel investissement. Ce qui est éventuellement possible pour des trajets très fréquentés, reste pour l’instant au stade du doux rêve ailleurs.