Comme tout est toujours soit politique soit littérature avec le Maire de Lyon, cette Cité de la Gastronomie est d’abord politique. Politiques ont été les efforts faits par Gérard Collomb pour convaincre des entreprises connues (Eiffage, Metro, Plastic Omnium, Seb, elior groupe, Dentressangle initiative etc. d’abonder son fond de donation. Car - et c’est une pique lancée au candidat PS Benoît Hamon qui en fait un axe de son programme présidentiel - un projet comme celui-là ne peut plus être monté uniquement sur fonds publics : "si certains font miroiter des hausses des dotations aux collectivités territoriale, la vérité est que les années à venir iront dans le sens actuel de la diminution, il n’y aura pas d’amélioration notable".
Ce sont donc 10 entreprises représentées par leur exclusivement masculins directeurs généraux, qui ont apportées 10 millions à un fond de donation. L’Etat a abondé à hauteur de 1 million, la Ville de Lyon a apporté 2 millions et la Métropole, en apportant 4 millions supplémentaires, est devenue l’heureuse propriétaire des 4500 m² qui demain (c’est-à-dire en avril 2018 si Eiffage est dans les clous) constitueront la Cité de la Gastronomie.
Et comme la politique c’est maitriser la concurrence, pourquoi ne pas lancer une pique à Alain Juppé, seul maire à être classé devant lui par l’Express juste avant les municipales de 2014, pour rappeler la différence entre la Cité de la Gastronomie de Lyon et la Cité du Vin de Bordeaux : "A Bordeaux c’est très public-public : le Conseil Régional d’Aquitaine ou je ne sais plus qui finance, mais c’est très loin de notre savoir-faire lyonnais basé sur le rapport public-privé". D’ailleurs même en matière de vin, le Bordelais n’a qu’à bien se tenir, car Gérard Collomb rappelle que "les Romains avaient labellisés notre cité comme capitale des vins".
Comme depuis 1970 le Maire de Lyon est agrégé de lettres classiques, aucun des participants présents (d’Alain Mérieux jusqu’à Hélène Lafont-Couturier - directrice du musée des confluences et chargée avec Solenne Livolsi de mettre en scène les 4500 m² de la Cité de la Gastronomie) ne se sent de contredire le maire, même si les sources épigraphiques pour attester un titre romain de capitale des vins pour Lyon sont plus que rares.
Mais pour Gérard Collomb cette Cité de la gastronomie c’est surtout une occasion de faire de la politique planétaire, le bon niveau : "J’ai diné à l’Ambassade de Chine lundi dernier. Ils m’ont dit qu’ils préparaient la finale continentale du concours Sirha en Asie en juin 2017 pour être prêt pour la finale lyonnaise mondiale au Sihra en 2018. Car il ne faut pas oublier que dans notre Cité de la Gastronomie, il y a le mot international."
Entretemps, l’écrivain Eric-Emmanuel Schmitt est arrivé. Avant de partir déguster le repas fin préparé pour les 10 fondateurs de la Cité de la Gastronomie, Gérard Collomb s’éclipse quelques minutes avec l’auteur du Sumo qui ne pouvait pas grossir, parce qu’aussi important que la politique, "il y a la littérature".