Nombreux sont ceux qui n’y ont pas remis les pieds depuis l’école ou l’université. D’ailleurs, de plus en plus de jeunes entre 9 et 20 ans ne fréquentaient plus ces lieux publics depuis le début des années 2010.
Ce mardi pourtant, à 13h, ouvrira la nouvelle bibliothèque de Gerland dans le 7e arrondissement de Lyon. La première pierre d’une stratégie culturelle pour la mairie visant à repenser ses infrastructures et attirer un nouveau public. Ce vendredi, une visite en avant-première était proposée à la presse.
Quand Voltaire cotoie Super Mario
Pas d’employé(e) acariâtre abusant des "chuuuut !" crispants à l’horizon : sur plus de 1000m2, les Lyonnais pourront retrouver 15 000 documents (livres, BD, DVD…) mais aussi des jeux de société et, plus surprenant, des jeux vidéo. Invité à essayer, Georges Képénékian, 1er adjoint chargé de la Culture refuse : "Ah non, je déteste ça".
Cela tombe bien, il n’est pas le public visé. Une PS4, une Wii U et une borne d’arcade ont été installées, pour convaincre les jeunes de revenir, voire de se convertir au plaisir de lire dans cet environnement.
Dans le patio, un hôtel à insectes attend les enfants à l’orée des beaux jours. Sans oublier les ordinateurs connectés à Internet, les tablettes, les liseuses...
"On a construit cette bibliothèque avec les habitants du quartier, en respectant les normes", expliquait Gilles Eboli, directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon. Il faut dire que Gerland est orphelin de sa précédente bibliothèque, fermée il y a un an. Mais ils gagneront au change, tant l’ancienne, trois fois plus petite, incitait moins à la lecture.
Georges Képénékian est plus que satisfait du résultat, d’autant que deux autres bibliothèques calquées sur le même modèle ouvriront cet été et à la rentrée dans le 6e arrondissement et dans le 3e, sur le site de l’ancienne friche RVI. Pas moins de 16 millions d’euros ont été injectés dans ces trois chantiers, ces futurs "bastions de la vie culturelle de proximité".
"Lyon est la seule ville de France où l’on va ouvrir 3 bibliothèques en 2017", se félicite l’élu, même si seule celle du 3e arrondissement est une véritable création, les autres étant des rénovations ou des agrandissements de sites déjà existants.
"On peut en ouvrir parce que nos chiffres de fréquentation (2,5 millions de visites par an ndlr), d’emprunts de livres (8 millions d'emprunts et retours annuels ndlr) augmentent, contrairement à certaines villes obligées de fermer des sites", rajoute Gilles Eboli.
Avec ce virage du futur amorcé par la Ville de Lyon sur ses bibliothèques - la BM de la Part-Dieu y aura droit progressivement aussi -, les attentes sont élevées. Georges Képénékian a reconnu que ce secteur était le plus privilégié dans un monde culturel en proie à de fortes coupes budgétaires. Reste aux Lyonnais, jeunes et moins jeunes, de s’approprier les lieux pour lire, échanger ou s’affronter sur Playstation.