D’autres de ne pas attendre d’avoir quitté le gouvernement pour se confier. Ou encore d’être revenue sur sa parole de ne jamais raconter.
Sur ce dernier point, Najat Vallaud-Belkacem tient à s’expliquer dès le début de "La vie a plus d’imagination que toi", dont la sortie est prévue ce mercredi aux éditions Grasset. "Je sais bien, je m’étais juré que je ne raconterais pas, jamais. (…) Mais je ne m’appartiens plus tout à fait, et pourquoi, comment je suis devenue française semble poser problème à quelques-uns, dans un pays passablement troublé depuis quelques années", intervient NVB dans le prologue.
De sa tendre enfance à Beni Chiker au Maroc où elle ne parle que le berbère aux froides rues d’Amiens où elle arrive avec sa famille à l’âge de "quatre ou cinq ans", jusqu’aux bancs de Sciences-Po à Paris où elle vivra sa première virée nocturne, seule dans la capitale, à finir par danser en discothèque, Najat Vallaud-Belkacem n’omet rien de son intégration et de son parcours pour finir par obtenir la nationalité française à 18 ans.
Ce qu’on pourrait lui reprocher, en tant que lecteur lyonnais ou avide de détails croustillants, c’est que la ministre de l’Education nationale ait choisi d’écrire une autobiographie et non pas d’avoir confié la rédaction de l’ouvrage à un confident, une personne tierce.
Car Najat Vallaud-Belkacem est réputée pour son attachement au paraître, au contrôle de son image et de tout ce qui est dit sur elle. Faire relire son interview est une condition à laquelle se frottera tout journaliste souhaitant rencontrer la candidate PS aux élections législatives à Villeurbanne.
C’est donc une autobiographie pauvre en révélations que livre NVB.
Elle évoque très brièvement sa rencontre avec son mari Boris Vallaud. "On s’est croisés au Basile, le café de la rue Saint-Guillaume, aux célèbres croque-monsieur "à toute heure". Et de plus en plus souvent. Assez vite, il m’a proposé d’aller au cinéma avec lui : j’ai renoncé à un anniversaire auquel j’étais invitée, j’ai accepté son invitation, mais… je suis venue avec une amie. Oui, un chaperon. Vous aurez compris que j’étais assez gauche".
Et ne dit pas un mot ou presque sur ses enfants.
Pas question non plus de s’attarder sur sa période lyonnaise, même si elle a adoré la ville, "son charme, sa taille humaine, ses restaurants, ses traboules, son histoire, sa Résistance". Son lectorat est définitivement national et NVB a probablement estimé que sa formation politique auprès du couple Gérard et Caroline Collomb n’intéresserait pas.
D’ailleurs, peut-on vraiment parler d’autobiographie complète ? Si la ministre a essuyé de nombreuses critiques sur le sort réservé aux langues anciennes, elle sait tout de même que l’étymologie grecque du genre littéraire définit le fait d’écrire sur sa vie. Or, Najat Vallaud-Belkacem consacre moins de 50% du livre à raconter ce qu’elle a vécu durant 39 ans. Grande fan de Stéphane Hessel, elle signe donc une oeuvre double, concluant par un essai politique, une ode à la République, la France, l’éducation. Un plaidoyer en faveur de son bilan à la tête du ministère.
Reste une lecture aisée et agréable, NVB maîtrise les mots et écrit comme elle parle. Et redevient parfois cette gamine du Rif, qui se marre en voyant ses têtes sur les photos, "qui attrape les sourires au filet à papillons".