Nouvelle double greffe de mains à Lyon : "Je suis un homme comblé"

Nouvelle double greffe de mains à Lyon : "Je suis un homme comblé"

Emotion ce jeudi matin à l'hôpital Edouard-Herriot. Plus de deux mois après son opération, Jean-Michel Schryve était présenté aux médias.

A 51 ans, cet habitant du Nord est devenu le 7e patient à avoir reçu à Lyon une double greffe de mains. Amputé des quatre membres en 2010 suite à une nécrose liée à un pneumocoque, Jean-Michel Schryve a passé trois années sur liste d'attente avant de recevoir son greffon en novembre dernier.

 

"Je suis un homme comblé", raconte le patient, jovial. "Quand on n'a ni main, ni pied, c'est très difficile. Avec le courage que j'ai, j'ai réussi à faire face. Six mois après mon amputation, j'étais sur pied. Mais il me manquait quelque chose, je faisais tout avec mes moignons mais il me manquait le toucher".

 

Jean-Michel Schryve, qui souffre aujourd'hui d'une infection post-opératoire, n'a pas "encore retrouver le toucher. Il faut être patient mais on revit. La première nuit, j'ai pleuré de bonheur. C'était miraculeux, j'ai passé des heures à me caresser le visage, les cheveux".
"Je vois les mains évoluer de semaine en semaine, ça va être très long mais on va y arriver", se promet celui qui, séparé de sa femme durant ses années de calvaire, ambitionne désormais de "retrouver une vie de couple".

 

Autour de lui, les chirurgiens et psychiatres lyonnais se félicitent de ce nouvel exploit qui conforte Lyon comme la place forte de la greffe bilatérale de mains. Le professeur Aram Gazarian a toutefois prévenu que "les risques sont supérieurs aux bénéfices". "Il y a deux risques principaux : le traitement immunodépressif à vie est dangereux, il présente des risques augmentés de cancers. Et il y a le risque de rejet chronique, le corps peut lutter contre la greffe".

L'un des sept patients opérés à Lyon a d'ailleurs été amputé de ses nouvelles mains après des rejets en cascade. Concernant la durée de vie des greffes, "on n'a pas assez de recul aujourd'hui, la première greffe datant de 1998".

 

A été évoqué également le volet administratif de la greffe de mains en France. Concrètement, pour des raisons financières et pour instaurer un cadre, les greffes effectuées à Lyon se sont faites via un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) qui leur donnait le droit à traiter 5 patients. Il avait été prolongé à deux patients en 2009, Jean-Michel Schryve est donc le dernier du PHRC. "Aujourd'hui, si les décrets d'application de la loi de santé sont votés, on sera en mesure de greffer la totalité des types de patients qui nous sont proposés", souligne le professeur Lionel Badet.


A Lyon, deux nouveaux PHRC ont été ouverts, ils permettront de greffer des bras à cinq patients, et des larynx à 3 patients.