Il est des combats qu’il ne vaut mieux pas abandonner… Ahmed Ziani l’a bien compris. Depuis trois ans, cet homme tente de faire authentifier un tableau qu’il a acheté 700 euros sur Le Bon Coin en 2014. Quelques jours après l’avoir acquis, le quinquagénaire découvre une signature en bas de la peinture où figure l’inscription, via un message codé dans des brins d’herbe, "1864 A. Renoir". Ce tableau, nommé "Soirée d’été" et estimé aujourd’hui à près de 200 millions d’euros daterait de 1864.
Après avoir trouvé de nombreux indices confortant son hypothèse, notamment un cadre Dubourg, une toile fine comme les aimait Renoir ou encore un enduit retrouvé sur la toile que seul Renoir utilisait, le quinquagénaire a fait une demande en 2014 auprès du Ciram, le laboratoire d’analyse et d’authentification des objets d’art de Bordeaux, dans le but d’éventuellement authentifier le tableau.
Les experts lui répondent alors que cette œuvre pourrait bien correspondre à l’époque du peintre, mais cette expertise n’ayant aucune valeur sur l’authentification du bien, Ahmed Ziani s’est alors tourné vers l'institut Wildenstein, seul organisme à pouvoir clairement authentifier une œuvre d’Auguste Renoir.
Une expertise expéditive
Lumière Techology, travaillant semble-t-il de pair avec l'institut Wildenstein, basée à Paris, a eu écho de cette affaire. Intriguée par les démarches du propriétaire, l’entreprise a accepté de réaliser gratuitement une analyse du tableau. "Ça a été fait en une après-midi" raconte Ahmed Ziani, "j’e suis allé déposer mon tableau à 13h30 et à 18h ils m’ont dit, il n’y a pas sa signature, ce n’est pas un Renoir", ajoute le Villeurbannais.
Surpris par ce résultat, Ahmed Ziani décide de ne pas baisser les bras. D’autant plus qu’un élément lui semble suspect : l’institut Wildenstein dit posséder une photographie de "Soirée d’été" qui prouverait que le tableau n’est pas un vrai, mais refuserait de la dévoiler au grand jour. L’homme, qui avait déjà dépensé des milliers dans l’authentification de son tableau est à bout. Le cabinet d’avocat Welzer lui tend alors la main : le cabinet accompagnera gratuitement M. Ziani jusqu’à l’authentification du tableau s’il accepte de reverser 7,5% du montant total de la vente de l’œuvre.
Une contre-expertise qui pourrait "tout changer"
Refusant d’abandonner, Ahmed Ziani, avec l’appui de ses avocats décide de demander une contre-expertise à l’université de Bourgogne et plus précisément aux professeurs Alamin Mansouri et Gaëtan Le Goïc. Ces derniers, après des mois de recherche, estiment quant à eux, que la signature du peintre impressionniste serait bien présente. "Cette nouvelle expertise pourrait tout changer" indique Ahmed Ziani, "nous avons désormais un dossier solide que l’institut Wildenstein ne pourra plus nier cette fois".
Aujourd’hui, le quinquagénaire espère bien réussir à faire authentifier son bien, et pourrait dans les semaines à venir, retrouver l’institut Wildenstein pour une nouvelle tentative d’authentification.