Les rêves immobiliers du préfet du Rhône

Les rêves immobiliers du préfet du Rhône

Il se sent à l’étroit dans son modeste 1000 m2 de la Préfecture du Rhône.

Rien n’est décidément trop beau pour Sa Majesté le préfet de Région. Surnommé Louis XIV dans les couloirs de la Préfecture, Michel Delpuech vient encore de prouver combien il mérite ce titre royal. On se souvient que sitôt arrivé à Lyon, il avait réintroduit la sonnette discrètement planquée sous le tapis pour appeler sa domesticité. Cette fois, c’est un nouvel appartement de réception qui fait rêver notre haut fonctionnaire.

Il le veut dans le très bourgeois 6e arrondissement ; il se voit déjà accueillir en grandes pompes – et sur des parquets Versailles de préférence – les personnalités nombreuses qui font escale entre Saône et Rhône.

 

Pourtant, côté logement, le préfet de la région Auvergne Rhône-Alpes est déjà plutôt bien loti ; il dispose de quelque 1 000 m2 au premier étage de l’imposant bâtiment qui donne sur le cours de la Liberté. Outre la partie privative qui comporte quelques chambres et diverses commodités, on y trouve également une enfilade de salons de réception ainsi qu’une salle à manger susceptible d’accueillir plusieurs dizaines de convives. Bien des préfets et même des ministres se contenteraient de beaucoup plus modeste.

 

Mais à Lyon, rien n’est trop beau pour les représentants de l’État. Outre leur appartement de fonction, nos préfets ont ici leur Lanterne à eux. Il s’agit d’une villa aussi imposante que discrète située dans le parc de Parilly. Entretenue par l’État, elle est entourée de hauts murs qui assurent la quiétude de son occupant et lui permettent de profiter en toute tranquillité de la piscine et du vaste parc arboré. Pour y accéder, il est indispensable de montrer patte blanche aux gardiens qui occupent la maison située à l’entrée.

La mise à disposition de cette villa Rhodania, qui compte une vingtaine de chambres, plusieurs bureaux et une palanquée de salons, remonte avant-guerre quand le Conseil général de l’époque avait voulu se montrer aimable avec le préfet Émile Bollaert.

 

Depuis, l’habitude est restée ce qui n’avait d’ailleurs pas manqué de choquer le très rigoureux Pierre Joxe lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Si certains de ses prédécesseurs fréquentaient assidûment la villa (Jacques Monestier s’y était même installé à demeure dans les années 90), Michel Delpuech n’y met quasiment jamais les pieds. Du coup, il serait favorable à ce qu’elle soit vendue, histoire probablement de financer l’achat de l’appartement qui le fait rêver.

 

Ce n’est pas la première fois que cette villa est menacée. Voici une bonne vingtaine d’années, l’État avait un temps envisagé d’y renoncer avant, finalement, que le préfet Paul Bernard choisisse de la conserver. À l’époque, le Conseil général s’était interrogé pour savoir s’il aurait été possible de la vendre, étant entendu qu’elle est implantée au coeur du parc de Parilly.

Quoi qu’il en soit, pour mener à bien son opération, Delpuech doit obtenir le concours du Conseil départemental pour qu’il achète l’appartement de réception. Vu les difficultés financière des collectivités, on imagine mal qu’une telle opération soit prioritaire. Du côté du président du Département du Rhône Christophe Guilloteau, on se refuse à tout commentaire.