Ce que cache le conflit entre Collomb et Valls

Ce que cache le conflit entre Collomb et Valls

Gérard Collomb a vivement protesté de n’avoir pas été invité au comité interministériel Egalité et Citoyenneté qui s’est tenu à Vaulx-en-Velin le mercredi 13 avril. En vérité, sous la polémique se cache une lutte de pouvoir interne au Parti Socialiste.

Qu’on se le dise, le maire de Lyon a réussi un joli coup. Faire croire à tout le monde que le Premier ministre avait des méthodes cavalières en ne l’invitant pas au comité interministériel "Egalité et citoyenneté" (CIEC) qui s’est tenu à Vaulx-en-Velin.

 

Coup de fil de Valls

"Je regrette de n’avoir appris que par la presse la tenue de ce CIEC" a réagi le maire de Lyon dans un communiqué de presse, passant pour l’élu local maltraité et méprisé par le gouvernement. Avec une bonne dose d’empathie, on aurait presque de la peine pour lui…

 

Mais la réalité est autre. Car Gérard Collomb était en vérité bien informé de la tenue de ce CIEC à Vaulx-en-Velin. Non seulement, Hélène Geoffroy, l’ex-maire de Vaulx et désormais Secrétaire d’Etat à la politique de la ville, l’avait bien invité. Mais le président de la Métropole de Lyon avait eu, de plus, un échange téléphonique sur la tenue de ce comité interministériel quelques semaines plus tôt avec Manuel Valls, selon les confidences d’une source gouvernementale.

 

Mais Collomb souhaitait que ce CIEC se tienne plutôt sur la thématique de la politique économique. "La volonté constante de la métropole a toujours été, en effet, de tout mettre en œuvre pour permettre aux quartiers populaires de notre agglomération de trouver une dynamique nouvelle. Nous y travaillons par des politiques économiques visant à l’installation de nouvelles entreprises…" a-t-il pris soin de rappeler dans son communiqué de presse avant d’enfoncer le cou dans une Lettre ouverte à Manuel Valls publié dans Le Point : "Mais peut-être cela vous permettra-t-il de découvrir que, par beaucoup de points, notre agglomération peut être une référence. Une référence pour ce qui est de la création d'emplois. La Métropole de Lyon a en effet continué à en créer au cours des dernières années : un solde positif de plus de 16 000 entre 2008 et 2014".

 

L’axe pour la fédération

Cette thématique économique aurait permis au maire de Lyon de vanter son modèle lyonnais en étant l’affiche de ce CIEC. Coup double puisqu’il aurait également relégué au second plan trois ministres locaux dont il exècre les apparitions dans sa ville : Najat Vallaud-Belkacem, Hélène Geoffroy et Thierry Braillard.

 

"Avec sa sortie, Collomb a fait en vérité la démonstration qu’il est totalement isolé, lâché par Valls et le PS. Valls a bien choisi son camp au sein du PS, c'est celui de Najat Vallaud-Belkacem" analyse un bon connaisseur des luttes intestines au PS.

 

Précisément, un axe d’opposant à Gérard Collomb est en train de se constituer au sein de la Métropole qui pourrait avoir pour effet de faire basculer la fédération socialiste tenue pour l’instant d’une main de fer par Collomb et ses lieutenants.

 

Jean-Jack Queyranne tient toujours Collomb pour responsable en partie de sa défaite aux dernières élections régionales. C’est Hélène Geoffroy qui est l’héritière de l’ancien président de la région puisqu’elle a hérité de sa circonscription législative.

 

Par ailleurs, Jean-Paul Bret, le maire de Villeurbanne qui possède toujours son propre groupe au sein de la Métropole de Lyon, s’apprête à faire une place à Villeurbanne à Najat Vallaud-Belkacem. Lui était présent au CIEC et était visiblement tout heureux d’accueillir le Premier ministre en tant que vice-président de la Métropole de Lyon.

 

Naguère proche de Valls, Gérard Collomb paraît donc totalement isolé dans l’appareil du PS et voit se constituer à l’est (Villeurbanne et Vaulx-en-Velin) des poids lourds qui pourraient lui ravir la fédération socialiste. Avec pour conséquence, les élections à la Métropole de Lyon en 2020.

 

"La seule option désormais pour Collomb est d’instrumentaliser à son profit Emmanuel Macron" estime un poids lourd socialiste. Le coup de gueule de Collomb à Valls n’est donc que le prélude d’une guerre de la gauche lyonnaise.

 

Slim Mazni