Gérard Collomb regrette-t-il d’avoir réalisé la métropole de Lyon ? La fusion du département et de la communauté urbaine sur le territoire de la métropole est-elle en train de figer l’action de Gérard Collomb ?
Une collectivité de services et de prestations ?
Un an après la création de la Métropole de Lyon, le constat mérite d’être formulé. "Alors que la communauté urbaine était reconnue pour sa capacité d’action au service du développement des territoires, et je reconnais volontiers que vous y avez contribué, elle devient maintenant une collectivité de services et de prestations. Avec un poids de 31%, les dépenses sociales sont le premier poste de dépenses de fonctionnement" s’alarme Philippe Cochet, le député-maire de Caluire et président du groupe d’opposition Les Républicains à la Métropole.
En s’arrogeant les compétences du département, l’ancienne communauté urbaine devient de fait une collectivité de gestion qui subit les aléas économiques. Ainsi, les dépenses à caractère social pour le budget primitif 2016 s’élève à 704 millions d’euros, dont 235,2 millions versés aux allocataires du RSA, contre 220 millions en 2015, soit une évolution de près de 7%.
Pour anticiper cette hausse, les services de la Métropole de Lyon tablent sur une revalorisation règlementaire du RSA de 1,7% au janvier 2016, ainsi que d’une autre valorisation de 2% au 1er septembre 2016. De même, les services anticipent une hausse des allocataires du RSA de 5%.
Il ne s’agit pas de contester le bien-fondé de la mesure, ni même de fustiger les allocataires du RSA qui en période de crise économique et de chômage de masse subissent la conjoncture. Mas la Métropole de Lyon n’a pas d’autres choix que d’y faire face alors que l’ancien périmètre de la communauté urbaine lui autorisait sans doute plus de risques face à l’investissement.
Des dépenses de fonctionnement qui augmentent six fois plus vite que les recettes
Car voilà la faiblesse de la nouvelle collectivité voulue par Gérard Collomb. Sa capacité à investir s’en trouve réduite. Si les baisses des concours de l’Etat (65 millions en 2016) compliquent assurément le contexte budgétaire, elles n’expliquent pas tout.
Car la réalité pour la Métropole de Lyon, c’est que ses dépenses de fonctionnement augmentent six fois plus que ses recettes de fonctionnement : 2,510 milliards de recettes de fonctionnement prévu pour 2016 contre 2,484 milliards en 2015 (+1%) et 2,315 milliards en dépenses de fonctionnement contre 2,187 milliards en 2015 (+5,8%).
Conséquence immédiate : sa capacité d’autofinancement (seul critère utile pour juger de la santé financière d’une collectivité et de sa capacité à investir) se réduit d’année en année. 195 millions au budget primitif 2016 contre 297 millions au budget primitif 2015. Elle était en réalité de 209 millions en 2015, preuve qu’elle avait été largement surévaluée en début d’exercice budgétaire.
- 23% de dépenses d’investissement
Si un montant global de 3,5 milliards d’euros d’investissement est prévu sur la durée du mandat (2015-2020) au titre de la programmation pluriannuelle d’investissement (PPI), les dépenses réelles d’investissement baissent de façon vertigineuse : -23%.
Elles étaient de 839 millions en 2015. Elles s’établissent à 682 millions en 2016, dont 498,8 millions au titre de la PPI. A titre de comparaison, dans le périmètre de l’ancienne communauté urbaine, les dépenses d’investissement au titre de la PPI étaient de l’ordre de 600 millions d’euros par an en moyenne lors du précédent mandat.
Censée optimiser l’action publique sur le territoire, la nouvelle collectivité née le 1er janvier 2015 prend pour le moment beaucoup de gras et perd en muscle.
Slim Mazni