Laurent Wauquiez subventionne une filiale du géant minier Euramet

Laurent Wauquiez subventionne une filiale du géant minier Euramet

Pour sa première assemblée plénière à la région, le président du conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes a réitéré son volontarisme et son souhait de bousculer l'institution régionale. Mais sa première décision aura été une vieille recette économique : le vote d

Laurent Wauquiez est un président pressé. Lors de son élection dans le fauteuil de président de la grande région Rhône-Alpes-Auvergne début janvier, il avait pesté contre la longueur des débats, le manque de fluidité des échanges et des votes. "Faites moi un devis pour le vote électronique !" avait-il lancé à ses services.

 

Aussitôt dit, aussitôt fait. Moins d’un mois plus tard, le vote électronique était opérationnel pour la première assemblée plénière du mandat, ce jeudi 28 janvier.

« À la diète »
Il y a quelques semaines, il avait annoncé près de 19 millions d’euros d’économies en baissant de 10% les indemnités des élus et en sucrant au passage leur abonnement téléphonique. Laurent Wauquiez veut aller plus loin. En même temps, il n’a pas le choix puisqu’il a promis 300 millions d’économies sur l’ensemble du mandat. Il veut mettre « la région à la diète » selon ses propres mots.


Lors de l’assemblée plénière, il a annoncé une nouvelle économie de 27,7 millions d’euros. Baisse des moyens aux groupes politiques et de la dotation en moyen matériel : 3,5 millions d’économies. Les crédits versés à son cabinet : 10% de baisse, soit 900 000 euros sur le mandat. Il compte ensuite se pencher sur le cas des directeurs généraux adjoints (DGA).


Actuellement au nombre de douze, il compte les réduire à six, ce qui ferait une économie de 600 000 euros de masse salariale par an. « Je veux faire une politique de vérité en connaissant le train de vie des élus », a déclaré l’ancien secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy, en rappelant qu’il retirerait également les véhicules et les appartements de fonction des DGA.


En dehors de ce ménage de printemps à l’Hôtel de Région, Laurent Wauquiez a une ambition politique démesurée. Il se pense présidentiable en 2022 et aura donc besoin d’un bilan pour faire la course de l’Elysée. Il a en effet  comme arrières-pensées de faire de ce grand morceau de France qu’est Rhône-Alpes-Auvergne un laboratoire de son programme politique, un territoire d’expérimentation politique.


Expérience et vieille recette
Mais sa première expérience est le recyclage d’une vieille recette qui n’a pa toujours marché. Elle consiste à sortir le carnet de chèque pour subventionner l’innovation d’une entreprise auvergnate, Aubert et Duval, filiale du groupe minier Euramet qui réalise un chiffre d’affaire consolidé de près de 4 milliards d’euros.


Cette aide d’un montant de 1,2 million d’euros doit pérenniser 15 emplois et permettre à l’entreprise d’investir dans l’innovation en vue de développer une imprimante 3D métallique afin de fournir des pièces plus légères à l’industrie aéronautique.

C’est un drôle sentiment de déjà-vu dans l’hémicycle régional. Car la majorité de Jean-Jack Queyranne avait par exemple apporté 25 millions d’euros à ST Microelectronics en Isère, ce qui n’a nullement empêché l’entreprise de licencier des centaines de salariés.

Bis repetita également pour Aubert et Duval. La société a en effet obtenu en 2014 près de 2 millions d’euros de fonds européens gérés par la région Auvergne pour le projet Ecotitanium qui doit permettre à l’entreprise auvergnate d’exploiter la première installation de recyclage de titane en Europe.

 

En grosses difficultés, Aubert et Duval connaît de multiples conflits sociaux et avait engagé un plan social en 2014. "Mais je ne vais signer un chèque en blanc" plaide Laurent Wauquiez, "il y aura des garanties et des contreparties en matière de localisation de l’emploi" avance-t-il.

Le gouvernement n’a rien compris à la décentralisation
Enfin, le président de la région à réaffirmé sa volonté de ne pas participer au plan d’urgence pour l’emploi annoncé par François Hollande dont la mesure pivot est le financement de la formation pour 500 000 chômeurs.

 

"Le gouvernement n’a pas compris ce qu’était la décentralisation dans notre pays. La région n’est pas un service déconcentré de l’Etat" a-t-il pesté, précisant que les décisions dans sa région "n’étaient certainement pas prises par les ministres à Paris".


Sur le fond, il estime que le plan de Hollande ne va concerner qu’un nombre infinitésimal de formation (- de 7%) sur les 600 financées par la région et qu’elles ne sont pas directement liées aux besoins du marché du travail.

 

Slim Mazni