Des milliers de volontaires font chaque jour, en l’échange d’une contribution, avancer la recherche. Sans, normalement, mettre en péril leur santé.
Mais la mort d’un volontaire en Bretagne, et l’état grave dans lequel se trouvent cinq autres personnes ayant testé la molécule du laboratoire portugais Bial aurait pu refroidir quelques ardeurs.
Une procédure très encadrée
A Lyon, six centres de recherche officiels accueillent les volontaires des tests thérapeutiques. Les tests thérapeutiques sont soumis à quatre phases obligatoires.
La première consiste à tester la molécule sur une personne lambda, qui n’est pas malade mais seulement volontaire pour aider la science.
La deuxième phase s’adresse aux milliers de patients approchés par leurs médecins pour tester ces molécules dans le cadre de leur traitement.
La phase trois vise davantage les malades en phase finale, ceux qui ont véritablement besoin du traitement.
La phase quatre concerne la mise en vente dans les pharmacies du produit avec une mise en garde sur le fait que ce soit "un essai".
Pour réaliser un test, le volontaire est généralement rétribué entre 100 à 4500 euros (maximum par an) non imposables.
"Les tests thérapeutiques ne sont pas un simple moyen de gagner de l’argent. Ce sont souvent les proches de personnes malades qui sont volontaires pour tester de nouvelles molécules qui pourraient sauver l’un de leurs proches", nous indique Martine Laville, directrice du CRNH Rhône-Alpes.
Pour pouvoir participer et être volontaire à un essai thérapeutique, il faut remplir certaines conditions : âge, poids, taille, sexe. Les personnes qui remplissent les critères "d’inclusion" sont ensuite soumises à des tests physiques et psychologiques.
On évalue leur capacité à recevoir la molécule et à l’éliminer ensuite. Des personnes dites en "exclusion", qui ne regroupent donc pas les critères nécessaires ne peuvent pas participer à un essai thérapeutique.
Ces critères sont suivis de très près et enregistrés dans une base de données qui est scrutée à chaque demande d’un volontaire.
Chaque demandeur doit attendre un certain temps avant de pouvoir être de nouveau volontaire. En général, il faut compter entre 4 et 5 mois. Il est donc impossible de cumuler les essais thérapeutiques afin de limiter les risques.
Les participants sont suivis tout le long du test, aussi bien psychologiquement que physiquement. Ils bénéficient également d’un suivi postérieur à l’acheminement du programme d’essai. Certains sont souvent soumis à une prise de poids. Une diététicienne, un coach sportif les prennent en charge afin qu’ils retrouvent leurs poids d’origine.
Lyon épargnée par la psychose
Pour Martine Laville, "ce qu’il s’est passé à Rennes reste exceptionnel. Depuis que je suis directrice du centre de recherche, je n’ai jamais entendu parler d’un cas pareil. Les mesures sont respectées à la lettre et nous sommes très prudents". Certains patients demandent même parfois à garder quelques échantillons de la molécule testée, preuve de leur satisfaction.
En France, la réglementation pour les tests d’essais clinique est la plus stricte d’Europe. Martine Laville, docteur en recherche européenne, assure que les patients qui cherchent des essais interdits en France se retournent souvent vers d’autres cliniques européennes où les conditions d’"inclusion" sont plus souples.
Nous avons pu contacter deux volontaires lyonnais. Simon a déjà réalisé un test pour financer en partie ses études en 2011. Aujourd’hui, il envisage de réitérer l’expérience pour "agrémenter son quotidien. Le cas de Rennes fait réfléchir deux secondes, mais soyons honnêtes, le risque zéro n’existe nulle part".
Le cas d’Hervé est différent. Ce médecin généraliste de l’agglomération lyonnaise a encouragé ses deux filles à se lancer dans les tests thérapeutiques. "Pour la recherche, c’est essentiel. Jamais je ne me suis imaginé envoyer mes enfants à l’abattoir. Et encore aujourd’hui, même après Rennes, je ne ressens pas le besoin de les dissuader de poursuivre ces tests".
Echaudés par les évènements de Rennes, les différents centres de recrutement et autres laboratoires de l’agglomération ont tous refusé de répondre à nos questions, notamment sur la diminution ou non du nombre de volontaires.