LyonMag a cherché à connaître la position de chacun des parlementaires de gauche du département sur la question de la déchéance de la nationalité. Réuni lundi 4 janvier en bureau national, le PS a renvoyé l'énoncé de sa position officielle au 18 janvier.
L'examen du texte est attendu pour le 3 février devant l'Assemblée nationale. Pour être adopté, le projet de loi de révision constitutionnelle devra réunir le vote de trois cinquièmes des députés et sénateurs réunis en congrès.
Dans le Rhône, le débat sur la question de la déchéance de nationalité a eu une conséquence politique notable. Sheila Mccarron, la seule conseillèer départementale socialiste du Rhône a décidé de rendre sa carte au PS.
Dans une note sur son blog, elle juge que la déchéance de la nationalité est la goutte d'eau du mandat de François Hollande: "Après l’abandon total du projet de 2012. Après tant de renoncements, notamment sur l’ISF et le droit de vote des étrangers aux élections locales (soit dit en passant, je reste persuadée que confier le droit de vote, le droit de cité à quelqu’un, l’accueillir dans notre démocratie, est un meilleur moyen de combattre l’extrémisme que ce que l’on propose aujourd’hui). Après le débâcle des municipales, des départementales et plus récemment des régionales dont Solférino et l’Elysée n’ont tiré et ne tireront aucune leçon si ce n’est à chaque fois qu’on a évité le pire (pour l’instant). Et surtout étant donné le silence du Parti Socialiste face à l’abandon de tant de valeurs d’humanisme, de fraternité, de solidarité envers les plus démunis, et à l’abandon des travailleurs au profit de l’argent qui était soi disant l’ennemi du candidat devenu Président en 2012".
D'autres ont choisi l'humour, non sans amertume. Sur sa page facebook, le conseiller municipal PS de Vénissieux, Lotfi Ben Khelifa a choisi de présenter ses voeux ainsi:"Chers Français de souche, chers binationaux (comme il faut dorénavant faire la distinction), et chers immigrés qui attendez toujours que François Hollande vous donne le droit de vote..."
David Kimeldfeld, le Premier secrétaire fédéral, a indiqué que la déchéance de nationalité ne "pouvait être une réponse aux menaces terroristes". Il y voit une mesure inutile et symbolique qui "stigmatise 5 millions de nos compatriotes bi-nationaux".
LyonMag a donc décidé de sonder ceux qui à gauche devront voter (ou pas) la révision constitutionnelle.
Ceux qui sont contre:
Pierre-Alain Muet (Député PS) : « Je ne sais pas ce que sera mon vote, entre abstention et vote contre. Quand j’ai entendu que le gouvernement [par la voix de Christiane Taubira, ndlr.] abandonnait cette idée de la déchéance de la nationalité, j’étais heureux. Je risque en effet de ne pas voter cette réforme constitutionnelle pour deux raisons, au moins : cela remettrait profondément en cause la question du droit du sol et engendrerait une inégalité devant la loi entre deux personnes nées en France »
Hélène Geoffroy (Députée PS et maire de Vaulx-en-Velin) : « Je ne suis pas favorable à une sanction différenciée. De deux choses, soit l’on déchoit tout le monde, soit personne avec cette réserve sur la question des apatrides. Je ne suis pas une frondeuse caractérisée. J’ai soutenu et assumée l’état d’urgence. Je ferai sans doute des propositions d’amendement sur ce texte ».
Pascale Crozon (Députée PS de Villeurbanne) : "J'ai voté l'Etat d'urgence et considère que la République doit prendre toutes les mesures utiles pour combattre le terrorisme et assurer la sécurité de nos concitoyens. Mais la déchéance de nationalité n'est pas utile, c'est une mesure dont le symbolisme est au moins ambigu, et à mes yeux, dangereux.
Un Français qui prend les armes contre son propre pays en commettant un acte terroriste doit être jugé et lourdement condamné. Indépendamment du fait qu'il ait ou non une autre nationalité. Commettre de telles atrocités fait de vous un terroriste, un ennemi de la Nation et de ses valeurs. Mais cela ne fait pas de vous un Algérien, un Marocain, ou un Belge. Je refuse l'idée confortable et simplificatrice selon laquelle notre ennemi ne pourrait être qu'étranger.
Dès lors que cette mesure ne serait pas applicable à l'ensemble des terroristes Français mais uniquement à ceux disposant d'une autre nationalité, elle déplace le débat du champ de la sécurité vers celui de l'identité nationale. Vers la binationalité considérée par l'extrême-droite comme une menace pour notre identité.Ne leur faisons pas cadeau de ce débat-là".
Ceux qui sont pour :
Gérard Collomb (Sénateur-maire PS de Lyon et Président de la Métropole de Lyon) : le maire de Lyon s'est simplement dit favorable à la mesure.
Yves Blein (député PS et maire de Feyzin) : « Je pense qu’il y a une portée très symbolique dans cette mesure qui n’’est pas à sous-estimer. Je n’ai pas une position définitivement arrêtée, j’attends de voir le débat parlementaire mais je crois en la valeur des symboles. On ne peut rester indifférent et n’avoir aucune position (au moins symbolique) contre des gens qui retournent des armes contre leur propre pays ».
Jean-Louis Touraine (député PS) : « Ce n’est pas une situation facile pour Christiane Taubira. Je sais que c’est inconfortable de devoir défendre des choses qui choquent sa propre pensée. Elle essaie loyalement d’articuler tout ces débats sur l’état d’urgence et la question de la déchéance de la nationalité. Pour ma part, je suis surpris par ceux qui ont d’ores et déjà une attitude tranchée. J’ai une attitude plus modeste, plus humble. Je comprends que l’on ait besoin de prendre des mesures symboliques. D’une certai