Régionales : Laurent Wauquiez confirme son virage sécuritaire

Régionales : Laurent Wauquiez confirme son virage sécuritaire

En meeting devant 3000 personnes, le candidat de la droite et du centre a réaffirmé les mesures sécuritaires qu’il avait préconisées après les attentats du 13 novembre en les mâtinant d’un retour aux valeurs de la droite et de fierté des racines chrétiennes de la France. 

Laurent Wauquiez joue bien plus qu’une simple élection. Il joue également une partie de son avenir personnel les 6 et 13 décembre. A pied d’œuvre depuis de longs mois dans une campagne lors de laquelle il aura mobilisé l’attention médiatique comme aucun autre candidat, Laurent Wauquiez n’a cependant jamais réussi à infléchir les intentions de vote égrenées sondage après sondage alors qu’il accusait quatre points d’avance 10 mois auparavant.

 

Toujours au coude à coude

Il reste en dépit de propositions clivantes – y compris dans son propre camp comme sur la question du mariage pour tous qui n’a pas la faveur de ses alliés centristes – au coude à coude dans les sondages avec le président sortant Jean-Jack Queyranne.

 

Devant 3000 personnes réunies à la Cité Internationale – à quelques centaines de mètres seulement du meeting que tenait au même moment son adversaire principal – Laurent Wauquiez a tenu un discours cohérent politiquement : valeurs traditionnelles de la droite, racines chrétiennes de la France, stigmatisation de la France des assistés et des mouvements de l’éducation populaire dans les quartiers.

 

Il a commencé par la France de l’état d’urgence et de la menace terroriste pour finir par une alerte à l’attention de ses électeurs tentés de voter Front National.

 

L’enjeu des valeurs

Entre ces deux bornes d’un speech de 50 minutes environ, Wauquiez a répétait ses principales mesures : portiques de sécurité dans les lycées, concours financier à destination des maires qui souhaiteraient armer leur police municipale, promesse de ne pas augmenter les taxes tout en faisant 300 millions d’économies, baisse de 10% des indemnités des élus, des formations professionnelles sous conditions très stricts pour les chômeurs.

 

Il faut bien reconnaître qu’il y a quelque chose d’intriguant dans cette campagne. Les attentats du 13 novembre n’ont pas fait bouger d’un iota les intentions de vote livrées par les instituts de sondage, comme si ces évènements n’avaient pas d’effet sur la campagne.

 

Or, Laurent Wauquiez est convaincu que l’élection régionale se jouera sur les thématiques sécuritaires, et par extension sur les questions de société sous-jacentes. "Depuis le 13 novembre, cette campagne a changé. Aujourd’hui, nous ne nous battons plus seulement pour des idées mais pour défendre la France, défendre notre pays, ses valeurs, sa civilisation. [Les terroristes] sont allés à l’école de la République, ils ont bénéficié de la générosité de la France et ils ont choisi de tourner les armes contre le pays qui leur avait tant, trop donné" a-t-il déclamé.

 

Mettre hors d’état de nuire les fichés S

Il a répété qu’il souhaitait mettre "hors d’état de nuire" les 350 individus fichés S sur le territoire régional en les internant de force. Il ne propose donc rien de moins que de créer une sorte de Guantanamo français.

 

 Laurent Wauquiez a regretté le temps où les immigrés avaient pour objectif selon lui de "devenir plus français que les Français. Aujourd’hui, c’est le communautarisme qui a pris le pas sur la République. Et les Socialistes nous expliquent que pour lutter contre le terrorisme il faut encore plus d’argent dans les quartiers et encore plus d’argent au mouvement d’éducation populaire, je ne veux pas accepter cette culture de l’excuse et du laxisme. Il n’y a rien qui excuse, que dans un pays, on prenne les armes et qu’on les retourne contre la nation en faisant le choix de la barbarie" a-t-il lancé sous un tonnerre d’applaudissement.

 

Racines chrétiennes

Avant de détailler les mesures de son programme, Laurent Wauquiez a rappelé qu’il fallait être fier des "racines chrétiennes de la France" et que "rien ne pourra nous faire enlever les crèches que l’on installe dans nos mairies".

 

François Baroin lui aussi membre des Républicains, en tant que président de l’Association de Maires de France (AMF), avait pourtant rendu un avis quelques jours après les attentats pour indiquer que la présence de crèches dans les mairies n’était pas conforme à la laïcité.

 

"Je ne veux plus que notre famille politique s’excuse de ses convictions et de ses valeurs" a soufflé Laurent Wauquiez. Le débat politique français prouve au contraire que la parole publique est totalement désinhibée sur ces questions. Et depuis longtemps.

 

Slim Mazni