Lyon : vers la fermeture de plusieurs mosquées salafistes

Lyon : vers la fermeture de plusieurs mosquées salafistes

Après l’annonce de la fermeture de la mosquée Bilal à Vénissieux jeudi dernier, d’autres lieux de cultes proches de la mouvance salafiste sont eux aussi menacés de fermeture dans la région lyonnaise.

Selon nos informations, quatre mosquées proches de la mouvance salafiste risquent d’être fermées dans les prochaines semaines dans la région lyonnaise.

 

Une mosquée dont le culte s’exerce dans un garage dans le quartier du Golf à Oullins dans la banlieue sud de Lyon, la mosquée de l’Arbresle ainsi que la mosquée de la rue Sébastien Gryphe dans le 7e arrondissement sont explicitement visées par les autorités préfectorales. La quatrième mosquée visée par une fermeture reste pour l’heure inconnue.

 

Comment décider ?

La volonté de fermer ces lieux de culte bute encore sur l’enveloppe juridique qu’il convient de donner à  cette décision. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, a annoncé un texte prochainement en conseil des ministres qui aura pour effet de dissoudre les mosquées radicales "dans lesquelles des acteurs appellent ou profèrent la haine".

 

Dans l’attente de cet hypothétique texte dont le ministre n’a pas dit s’il sera de nature législative ou règlementaire, le préfet peut toujours avoir recours aux dispositions de l’état d’urgence prolongé de trois mois en ordonnant "la fermeture provisoire […] de lieux de réunion de toute nature [ou] les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre".

 

Le représentant de l’Etat peut par ailleurs avoir recours à l’article L 212-1 du Code de sécurité intérieur lui permettant de dissoudre les associations qui servent de support juridique à une mosquée dont les membres appelleraient à la « haine ou à la violence » ou qui se livreraient "à des agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme en France ou à l'étranger".

 

Les mosquées salafistes, si elles pronent un islam rigoureux et radicalement pieux, sont de moins en moins ces cellules d’embrigadement djihadistes que l’on a connu dans les décennies 1990 et 2000 sous le vocable de « mosquées des caves ».

 

Dès lors, les critères (au nombre de sept) permettant de dissoudre une association salafiste font le plus souvent défaut. "Les mosquées sont tellement surveillées que plus personne n’y appelle à la haine. L’essentiel de l'embrigadement se fait sur le web désormais" témoigne un policier du renseignement territorial en poste à Lyon.

 

Le cas de la mosquée Bilal

Ainsi, la mosquée Bilal sur le plateau des Minguettes à Vénissieux. La mairie l’a fermée pour en raison du non respect de plusieurs règles de sécurité incombant à un établissement recevant du public.

 

"En juillet 2015, la sous-commission départementale de sécurité civile, présidée par le Préfet de la région Rhône-Alpes et du Rhône, a conclu à une impossibilité de continuer à exploiter le local de l’avenue Vladimir-Komarov, non conforme aux règles de sécurité imposées par la réglementation relative aux établissements recevant du public" se justifie la ville de Vénissieux dans un communiqué.

 

Dans le contexte des attentas de Paris, la fermeture administrative de la mosquée Bilal peut s’apparenter à un prétexte. Interrogé sur cette hypocrisie, le préfet de région, Michel Delpuech, réfute sèchement : "il n’y a aucune hypocrisie. C’est un fait [que cette mosquée ne respecte pas les règles de sécurité]".

 

Réputée salafiste, la mosquée Bilal n’inquiète pas particulièrement les policiers des services de renseignement. Près de 600 personnes ont assisté vendredi au prêche à l’extérieur de la mosquée sur des tapis posés sur les pelouses au pied des tours du quartier de la Pyramide aux Minguettes.

 

Exercice de contorsionniste

Le discours, en arabe et en français, appelait à clairement désavouer les attentats terroristes en rappelant que "l’un des bienfaits du prophète est de vivre en sécurité".

 

Si la fermeture de la mosquée Bilal, prévue de longue date, est dictée par des raisons techniques et administratives, personne n’est dupe. Cette décision intervient en effet quelques jours seulement après l’intention affichée par Bernard Cazeneuve de fermer ces mosquées radicales.

 

Mais cette décision rappelle également la contrainte juridique pour les préfets. L’Etat de droit oblige à respecter des critères précis afin de pouvoir dissoudre des associations cultuelles.

 

Avoir recours à des normes de sécurité est un exercice de contorsionniste auquel le préfet Delpuech se prêtera probablement à nouveau pour les quatre prochaines fermetures envisagées.

 

Mais la mosquée Bilal est également le reflet du drôle de jeu joué par les responsables politiques, singulièrement par certains élus locaux. Pour rappel, le local servant de salle de prière avait été fourni par la mairie de Vénissieux il y a plus de dix ans.

 

Slim Mazni