Ce n’est pas nouveau. Les finances publiques, et singulièrement celles des collectivités territoriales, sont dans une situation délicate. La ville de Lyon n’échappe pas à cette règle, encore que Lyon s’en tire mieux en raison d’un plan d’économies drastiques ainsi qu’à la faveur de la réforme de la dotation globale de fonctionnement (DGF) dont la mise en application a été repoussée à 2017 par le gouvernement.
Dégradation de la capacité d’autofinancement
En matière de finances publiques, on pet gloser sur tous les chiffres, de la dette à la dotation globale de fonctionnement. Mais il n’y en a qu’un qui vaille la peine car il permet de saisir la santé financière d’une collectivité. C’est l’épargne brute ou la capacité d’autofinancement. C’est l’excédent entre les dépenses réelles de fonctionnement et les recettes réelles de fonctionnement, autrement dit ce qui reste réellement dans les caisses et qui permet d’investir et de payer la dette sans endetter outre mesure.
A la ville de Lyon, l’épargne brute à la fin de l’exercice 2015 devait s’établir autour de 70 à 75 millions d’euros (74 millions en 2014) pour un encours de dette de 425 millions d’euros. Autrement dit, la capacité de désendettement de la ville de Lyon est de 5,7 années. Mais l’épargne brute de la ville va se dégrader, tout comme sa capacité de désendettement selon les projections financières à l’horizon 2020.
En effet, Gérard Collomb a annoncé que l’endettement prévisionnel serait de l’ordre de 525 à 530 millions d’euros pour un niveau d’épargne brute qui devrait baisser pour s’établir entre 55 et 60 millions d’euros. Mécaniquement, la capacité de désendettement de la ville de Lyon augmenterait sensiblement mais resterait néanmoins en-deçà des 10 années. Au-delà, la situation deviendrait critique.
La faute essentiellement à la réduction des déficits publics exigée par le gouvernement qui fait peser l’effort sur les collectivités locales avec un objectif de 3,5 milliards de baisse en 2016 (3,7 Mds en 2015). A Lyon, la baisse de la dotation est de 13 millions par an, à quoi il faut ajouter la contribution de 5,1 millions pour 2016 de la ville de Lyon au FPIC, le fonds de péréquation entre communes.
Perspective négative
Standard&Poor’s a livré par ailleurs ce vendredi s on rapport sur l’état des finances de la ville de Lyon. L’agence de notation a maintenu sa note de AA pour le long terme avec perspective négative. La notation est inchangée depuis septembre 2009. La méthodologie de l’agence notation empêche toute collectivité française d’être mieux notée que l’Etat dont la note est de AA avec perspective négative.
Le rapport souligne la dynamique de l’économie lyonnaise et gratifie la gouvernance et la gestion financières de la ville de "fortes". De bonnes performances budgétaires qui sont accomplies "grâce à la gouvernance et à la gestion financières de Lyon que nous considérons comme fortes, du fait notamment d’une stratégie budgétaire claire, d’une prospective financière réaliste, d’un pilotage budgétaire de qualité, d’un suivi étroit des organismes satellites et d’une gestion de la dette prudente, diversifiée et optimisée. La Ville devrait ainsi respecter son plafond d’endettement d’ici à 2017, soit une capacité de désendettement maximum de 10 ans".