A un mois du Beaujolais nouveau, le département soutient une filière viticole en crise

A un mois du Beaujolais nouveau, le département soutient une filière viticole en crise

En trois ans, le département a injecté 700 000 euros en aides diverses à la filière viticole. Christophe Guilloteau, le président, a décidé de maintenir l’allocation du RSA aux bénéficiaires qui participent aux vendanges dans un contexte de crise soutenue dans le Beaujolais. Etat des lieux du vignoble à un mois pile p

Christophe Guilloteau, le président du département du Rhône, était à Fleurie vendredi 16 octobre à l’occasion de la 85e fête des vins de Fleurie, grand cru du Beaujolais, à un mois du lancement du Beaujolais nouveau qui aura lieu, par tradition, le troisième jeudi de novembre.

Le Beaujolais représente près de 96% des surfaces viticole du département et 43% des exploitations agricoles du Rhône sont celles de vignerons. C’est dire ce que représente la vigne dans ce nouveau Rhône désormais amputé de la Métropole de Lyon depuis janvier 2015.

Baisse des volumes

L’année 2015 sera paradoxale pour les viticulteurs. Si la qualité de la récolte s’annonce exceptionnelle en raison des conditions météo du printemps et de l’été, les vignerons s’attendent à une baisse importante des volumes. Un risque non négligeable qui risque de peser sur leurs ressources.

 "Nous aurons un vin d’une grande année, mais il faut nous aider à le faire savoir. On espère que la clientèle sera rendez-vous grâce à ce millésime, ce qui permettra de compenser une forte baisse de nos volumes" explique Richard Chatelet, à la tête du domaine éponyme réputé pour produire un joli Morgon.

Crise

C’est dans de contexte que le département du Rhône a décidé de poursuivre son soutien à la filière viticole en maintenant l’allocation du RSA pour les bénéficiaires qui ont participé aux vendanges. "Cette mesure présente le double avantage d’inciter les bénéficiaires du RSA à trouver un emploi (même de courte durée) et de stimuler le recrutement d’une main d’œuvre locale pour les viticulteurs concernés" explique-t-on du côté du département du Rhône.

Depuis 2012, le département du Rhône aura octroyé près de 700 000 euros d’aides à la filière, notamment en raison du rigoureux hiver 2012 qui avait, lui aussi, nuit aux rendements produits. Le vignoble du Beaujolais connaît une crise économique majeure en dépit d’une réputation internationale acquise grâce à son Beaujolais nouveau et d’appellations contrôlées prestigieuses synonymes de grands crus.  

En une décennie, le volume des ventes a été divisé par deux et le foncier viticole des beaujolais nouveau et Beaujolais villages est à un niveau historiquement bas (11 000 euros/h) à la différence des grands crus dont le foncier serait de 90 000 euros/h en Moulin-à-vent.

Le Beaujolais est donc un vignoble à deux vitesses, symbolisé par le divorce survenu début 2015 entre les crus et les autres appellations du vignoble. En janvier 2015, l’organisme de gestion (ODG) des crus du Beaujolais a décidé de quitter l’Union des Vignerons du Beaujolais (UVB) pour gérer ses affaires elle-même.

L'image d'un vignoble scindé en deux est accentué depuis l'annonce des cours pour les vins en vrac et les Beaujolais primeurs pour l'année 2015.

Baisse des cours

Alors que les cours avaient eu tendance à s’envoler depuis le rigoureux hiver 2012 qui avait eu des conséquences néfastes sur le rendement de la production, les grands négociants du Beaujolais proposeraient aujourd'hui un prix aux exploitants de 180 euros l’hectolitre alors qu’ils s’établissaient à 217 euros l’hectolitre l’an dernier. De leur côté, les syndicats agricoles réclament 220 euros l’hectolitre pour le Beaujolais primeur.

Symbole de réussite commerciale et marketing d'un vignoble de notoriété mondiale, le Beaujolais primeur doit se renouveler aujourd'hui d'autant plus qu'il a longtemps symbolisé la qualité médiocre du vignoble auprès des consommateurs ont longtemps méconnus les grands crus et les appelations du nord du Beaujolais, réduisant le vignoble au seul Beaujolais nouveau. 

Les consommateurs français boivent moins. Depuis, les années 1960, la consommation de vin diminue de 1,8 litres par an et par habitant. Elle est passée de 130 litres à 55 litres aujourd'hui. En revanche, ils boivent mieux. Cela, les professionnels des grands crus du Beaujolais l'ont bien compris en prenant leur destin en main.