Les scénarii évoqués et les solutions esquissées laissent présager d’un abandon définitif du contournement ouest de Lyon (COL) et la mise en place d’un péage urbain.
Les grands projets d’infrastructures routières ont toujours fait peur à Gérard Collomb. Depuis bientôt quinze ans qu’il gouverne l’agglomération lyonnaise, ni le bouclage du périphérique ouest – renommé "anneau des sciences" –, ni le contournement ouest de Lyon (COL) n’ont avancé d’un iota. Et pour cause. La réalisation de l’un est la condition de l’autre. Et réciproquement. Ces ouvrages représentent pourtant la condition sine qua non permettant d’éviter le risque (assez proche) d’une embolie automobile pour l’agglomération lyonnaise.
Volte-face
Mais le maire de Lyon n’est pas responsable à lui seul du temps perdu ces dernières années, ni de celui perdu par les Lyonnais dans les bouchons. L’immobilisme est dû tout autant à son souhait de ne pas froisser ses alliés écologistes, aux volte-face successives de l’ancien président du conseil général du Rhône, Michel Mercier, sans oublier les effets de l’atrophie budgétaire de l’Etat qui peine désormais à financer ses grands projets d’aménagement du territoire.
Mais, ce lundi, la Métropole de Lyon a semble-t-il avancé. Les élus métropolitains ont voté le principe d’une étude sur le contournement autoroutier de Lyon. Si l’on voulait être sévère, on rappellerait que depuis plus de quinze ans plusieurs études ont été lancées retardant l’échéance de la décision.
COL enterré
L’étude, financée à parts égales par la Métropole et par l’Etat (250 000 euros chacun), durera deux ans. L’utilité principale du contournement autoroutier de Lyon est de détourner les 44 000 véhicules qui transitent chaque jour par le cœur de l’agglomération sans s’y arrêter. 15% de ce trafic de transit, environ 16 000 véhicules par jour, s’engouffrent sous le tunnel de Fourvière.
Même si l’étude doit considérée l’option d’un contournement par l’ouest, il semble bien que cette hypothèse soit aujourd’hui irréalisable. En premier lieu en raison de son double coût. Financier d’abord : entre 1,5 et 2,5 milliards d’euros d’après les différentes estimations. Environnemental ensuite : il s’agit de nicher une autoroute qui traverserait à la fois le mont Pilat, les monts du Lyonnais et une partie de la vallée d’Azergues.
L'ancien préfet Jean-François Carenco avait, en son temps, jugé ce contournement irréalisable préférant de loin un grand contournement par l’est par ailleurs déjà réalisé aux trois quarts. Il l’avait d’ailleurs inscrit dans le schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire (SRADDT). En effet, l’A432 dessert l’aéroport Saint-Exupéry et relie l’A42 (Lyon-Genève) et l’A43 (Lyon-Grenoble). La liaison avec l’A7 resterait à réaliser pour parachever un grand contournement par l’est.
Péage urbain
Gérard Collomb a nié pour sa part vouloir enterrer le COL. "Aujourd’hui, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit seulement de voir les différentes possibilités et de voir ce qui est réalisable", a-t-il réagi.
Pourtant, le constat dressé aujourd’hui par les services de la Métropole marque une préférence pour le contournement à l’est de l’agglomération : "Aujourd’hui, un itinéraire de contournement par l’Est de l’agglomération via l’A432 est payant et insuffisamment attractif. Il est directement concurrencé par trois itinéraires gratuits (tunnel sous Fourvière, Boulevard Laurent Bonnevay et rocade Est) qui offrent de meilleurs temps de parcours en particulier pendant les heures creuses".
C’est à l’Etat de décider
Ce qui est suggéré, c’est que le trafic de transit passe par le cœur de l’agglomération parce que l’itinéraire est gratuit. Si Gérard Collomb refuse catégoriquement de parler d’un péage urbain, c’est pourtant précisément ce qui est en train de s’esquisser.
La commission "Mobilité 21" qui avait rendu un rapport sur la question en 2013 avait avait clairement recommandé la mise en place d’un péage urbain en émettant des réserves sur l’opportunité de réaliser un contournement autoroutier par l’Ouest.
Le maire de Lyon continue d’affirmer que toutes les options sont sur la table et qu’elles feront chacune l’objet d’une étude détaillée. Si le maire de Lyon est prudent, il n’oublie pas qu’il s’agit d’infrastructures appartenant à l’Etat qui sera le seul à décider à la fin.
Gérard Collomb suggère (sans le dire) la mise en place d’un péage urbain à Lyon
La métropole de Lyon a voté ce lundi le lancement d’une étude sur la question du contournement autoroutier de Lyon.