Ça y est. Ils ont viré la directrice du Tobbogan ! Farida Boudaoud ne décolère pas contre la maire de Décines. Oubliant au passage que si elle ne s’était pas présentée contre son camp, la ville serait toujours à gauche. Le 17 novembre dernier la municipalité a dénoncé le contrat qui liait la régie autonome du Tobbogan et sa directrice Sandrine Mini.
Selon l’équipe municipale, le CDI était illégal. Il aurait dû s’agir d’un CDD pour une mission de 3 ans. Faux prétexte selon Farida Boudaoud, on a voulu se débarrasser d’elle, c’est tout. Elle soupçonne la mairie de vouloir transformer la salle du Tobbogan en Radiant bis et de viser la rentabilité plutôt que la culture. Une volonté farouche de réduire la masse salariale. Trois collaborateurs du Tobbogan ont déjà fait leurs valises.
Farida Boudaoud y voit la main de Philippe Meunier : "c’est lui qui est le vrai patron". Du coup, "ils n’embauchent que des policiers, ils vont même mettre des drones".
Tout de même, n’y aurait-il pas un peu une gestion dispendieuse ? Ce sont des arguments que l’ex-vice-présidente régionale balaie d’un revers de main, comme de vulgaires notes de taxis. Un salaire de 4 000 nets mensuels pour la directrice, "ce n’est rien comparé aux 5 400 d’indemnités que touche la maire", sans compter celles de conseillère métropolitaine.
"Le contrat est illégal, assène Laurence Fautra, la maire LR, c’est un fait". Donc il a été dénoncé, c’est tout. Au-delà de sa directrice, c’est la structure même qui pose problème. Décines n’a pas les moyens d’entretenir un équipement qui coûte 1,2 million par an, dont 80 % à sa charge. La Métropole n’intervenant que pour 60 000 euros et la Région pour 94 000. La nouvelle équipe a hérité d’une régie autonome, c’est-à-dire que le théâtre-cinéma-salle d’exposition se gère tout seul, mais avec l’argent public.
"Je ne peux pas accepter qu’on fonctionne en enveloppe ouverte", la Ville payant toutes les factures qui se présentent, même quand elles dérapent.
Mais pourtant ça marchait plutôt bien, avec une fréquentation en hausse de 10 % ? Pas tant que ça. "90 % des spectacles étaient déficitaires" et puis on multipliait les invitations gratuites : jusqu’à 50 %. Selon la maire, 20 % seulement du public est composé de Décinois, et 80 % du Grand Lyon alors que la commune "paie 18 fois plus que la Métropole". La subvention municipale a été réduite de 220 000 en début d’année. Aujourd’hui le bras de fer continue avec le limogeage de la directrice.
Quel avenir pour le Tobbogan ? Il y aura un procès entre l’ex-directrice et la Ville. Celle-ci se montre sûre de gagner, elle a probablement tort, mais ça ne changera rien. La directrice obtiendra des indemnités mais ne reviendra pas.
"Le but n’est pas de fermer cette structure", affirme la maire de Décines. Pour l’instant, Le Tobbogan tourne sur trois pattes, avec une directrice officiellement en arrêt maladie et une administratrice provisoire. La Ville espère un changement drastique d’orientation, plus tourné vers les Décinois, "repenser la programmation", rendre "la culture plus accessible", "éduquer le public". On a un peu de mal à voir en quoi cela se différencierait de l’approche de Sandrine Mini. Et pour la suite ?
Une nouvelle équipe ? "Moi je ne prépare rien du tout, affirme Laurence Fautra. Je suis une gestionnaire". Bref la municipalité de Décines n’a pas de politique culturelle, on avait cru le comprendre. Elle rêve quand même d’un destin à la Théo Argence, à Saint-Priest, passé à droite en 2014 elle aussi. Avec une activité plus centrée sur les habitants et un taux de fréquentation en augmentation. En attendant, c’est la guerre des dames et c’est celle qui a le chéquier qui gagnera.